Camp d'été 2023 - Autour de La Bérarde

Rassemblement mixte Alpinisme / Randonnée montagne

Du 09 au 16 juillet 2023

Texte de Cécile, complété par Christian et un tout petit peu par Rémi

Galeries photos : Rémi

Dimanche 9 Juillet : arrivée à La Bérarde par une route étroite qui longe le Véneon.

Ses eaux de fonte d’un bleu particulier contrastent avec la chaleur caniculaire à peine atténuée par les 1700m.

Retrouvailles du groupe et débrief au chalet alpin autour d’une polenta : ça faisait un bail … !

Photo : Cécile
Photo : Cécile

Lundi 10 : montée à Temple Ecrins  (D +700m)

 

Après la photo de groupe, le début est bucolique avec les ânes au refuge du Carrelet puis 3 h de montée pour gagner le refuge fraichement refait même si la chaleur souligne un défaut du système d’assainissement…

Les plus courageux vont repérer le chemin du lendemain pour voir où en est la neige : on avance dans les cailloux mais on croise 3 chamois qui dévalent avec élégance…

Un groupe dissident de 3 randonneurs s'aventure plutôt dans un autre vallon, en direction du col du Fifre.

La terrasse du refuge donne sur le glacier de la Pilatte : le refuge du même nom est fermé car il se casse la binette avec ce drôle de climat et le permafrost qui fond mais le panorama est grandiose donc on contemple ce paysage précieux et fragile à la fois en savourant le privilège d’être là.

Mardi 11: Objectif Pic Coolidge (3775m)

 

Lever à 3 h, réveillés par la gardienne. Départ à la frontale sous un ciel magnifique, le baudrier sur les hanches. La fraîcheur rend la montée vers le col plus facile que la veille et il est temps  cramponner pour certains mais le groupe s’étale... Thierry prend la première cordée avec notre benjamine Julie et moi ,  Philippe la suivante avec Angélique et Catherine. Après le col, la marche d’approche n’est toujours pas finie et il faudra bien les 6 h prévues pour que la première cordée atteigne le pic Coolidge avec son cairn orné de drapeaux .

En face la 2ème cordée nous salue depuis l’antécime !

Les autres ont finalement renoncé mais ont profité de la redescente pour suivre une rando improvisée par Toto dans la vallée du Haut Vénéon jusqu’à la passerelle de le Pilatte...

Pour le groupe d’alpinistes, après l’euphorie d’être en haut, il reste à redescendre au col puis à Temple Ecrins où la gardienne note bien le retour de chacun. On s’arrête boire un coup car on en a déjà plein les jambes mais il est trop tôt pour une bière car on n’est pas au bout : une dernière étape rafraichissante au Carrelet avant d’arriver enfin en bas !

Retrouvailles de tous au chalet alpin de La Bérarde, accueillis par le sourire d’Isabelle et Alain Ayroulet. Cette fois, la bière est bien méritée !

Isabelle me prête sa boîte magique, bien pratique pour raccommoder mon fond de pantalon qui n’a pas aimé le granite et percer les premières ampoules … A 21h tout le monde est déjà au lit car la journée a démarré de bonne heure : 

Mercredi 12: Un Compeed et ça repart ! 

 

Réunion à 9 h pour se positionner entre randonneurs et alpinistes afin d’organiser les deux groupes et de décider des cordées. La course de la veille a laissé quelques courbatures mais les pieds vont (encore) bien.

La montée au Soreiller se fait en 2 groupes . La rando à Toto part vers les Etages sur 3 km sympa via le camping le long du Vénéon après avoir chargé 2 voitures. Ensuite on quitte le fond de vallée et ça grimpe : la chaleur et le dénivelé nous accompagnent et on se rafraichit à chaque passage du torrent. Toto ayant repéré le parcours, on piquenique à la moitié, posé comme on peut sous un arbrisseau le long du torrent (Je protège une tablette de chocolat qui risquerait de fondre malgré l’altitude). Encore une bonne heure de montée et on aperçoit enfin le refuge de la famille Turc : Juste derrière se dresse la fameuse aiguille Dibona et son relief saisissant ! 

Jeudi 13 juillet : lever 5 h

 

Heureusement la pluie d’orage annoncée est tombée la veille donc le rocher sera sec. Le groupe renforcé en cadres donne plus de souplesse et les 3 cordées ont prévu 2 itinéraires. Nous partageons la marche d’approche en surveillant les nuages qui remontent de la vallée presque aussi vite que nous puis Alain et Thierry vont pouvoir enchaîner un triplé avec les arrêtes et les 2 longueurs pour se hisser en haut de la fameuse aiguille !

La cordée de filles emmenée par Isabelle suit la cordée de Philippe et Patrice (quelques brins de génépi). On avance lentement et prudemment sur l’arête occidentale censée être plus facile. Il n’y a personne devant nous et peu de cairns donc on cherche un peu le passage mais on profite du panorama et on trouve même en chemin quelques brins de génépi à parfaite maturité !

La roche est assez solide donc on avance parfois corde tendue mais on sécurise aussi tous les passages un peu exposés. On se retrouve obligé de poser un rappel avec nos 2 cordes et au bout de 10 h, on arrive seulement à la fin de cette arête (Alain et Thierry qui nous observent de loin se demandent pourquoi on est si lent mais disons qu’on sécurise !).

La désescalade commence ensuite et Julie est ravie de se retrouver devant et de chercher les meilleurs passages. On sort le piolet pour un passage sur névé et je sors du coup les crampons trimballés dans le sac par précaution pour éviter d’arriver trop vite en bas. Le changement de terrain en fait une belle course mixte et au refuge, Alain et Thierry nous rejoignent ravis de leur triplé et de la sensation particulière d’être en haut de cet espace riquiqui à l’aiguille Di Bona !

Redescente aux Etages chacun à son rythme : Isabelle dévale la pente en baskets talonnée par Julie. Patrice et moi suivons plus lentement, contents de pouvoir nous aider des bâtons pour préserver les genoux fatigués et ravis de voir qu’Isabelle nous a attendu en bas à la voiture pour nous épargner les 3 derniers km. On sera juste à l’heure pour la soupe servie à heure fixe à la Bérarde ! 

Pendant ce temps le groupe rando est monté au Col de Burlan. Toto avait reconnu cette rando le dimanche précédent. L’enneigement d’alors permettait une montée aisée en crampons jusqu’au col. Mais en 4 jours les 2/3 de la montée finale se fera sur un terrain déneigé et un peu instable. La boucle s’est achevée  aux Etages en descendant par le Vallon d’En Bas

Vendredi 14  : 

Après un dernier briefing et quelques étirements, le groupe des randonneurs part vers le refuge du Chatelleret bien décidé à aller au-dessus vers le refuge du Promontoire. Le groupe des alpinistes, lui, récupère un peu et part après. La montée au Chatelleret est une vraie promenade et offre même en allant au Promontoire aux randonneuses une vasque bleu vert avec un fond sableux et le soleil ...

Avec une température estimée à 6/7 degrés, on y met d’abord le pied, puis les jambes avant une immersion totale mais rapide !

La soupe sera bienvenue pour nous réchauffer et ce refuge, familial de jour devient en fin de journée le QG du GUC (Grenoble Université Club)  pour un nombre impressionnant de jeunes équipés de cordes et dégaines qui testent leur matériel et règlent les crampons … On se demande comment on va caser tout ce monde dans le petit dortoir mais beaucoup vont bivouaquer pour 4 euros, ce qui n’est pas une mauvaise idée vue la chaleur !

Après 3 assiettes de soupe de lentilles et autres plats roboratifs, il faut avant d’aller se coucher, répartir l’addition commune fournie par les gardiens et calculer ce que chacun doit. Malgré une belle parité du groupe, les mecs ont pris les choses en main, peu soutenus il est vrai par la gente féminine du groupe qui se laisse aller à un joyeux fou rire... Pas de quoi entamer la cohésion du groupe unanime pour aller se coucher afin d’être en forme pour cette dernière ascension !

Samedi 15 : Le Pic Nord des Cavales

Lever à 4 h pour l’arête du Pic Nord des Cavales avec un magnifique ciel étoilé pour ce départ à la frontale. Heureusement car la marche d’approche est longue…

Lever à 7 h pour les randonneurs qui suivront donc 3 heures plus tard la montée vers le col mais sur un autre rythme et en agrémentant la marche d’observations botaniques et paysagères. À défaut de feu d’artifice du 14 juillet, on s’extasie sur un bouquet de couleurs avec entre autres le rouge pourpre (orchis vanillé), l’orange (lys orangé) ou rose(lys martagon), le bleu (myosotis) ou le blanc de la noble edelweiss sans oublier au passage une petite carnivore en embuscade sur le bord du chemin. Les brins parfumés du génépi eux se font discrets pour échapper à la prospection des montagnards…

Après un passage bien aérien un peu expo où il fallait avoir le pied sûr et pas mal de rochers, on hésite à faire demi-tour malgré la pente mais finalement, de cairn en cairn, on arrive à un endroit offrant une vue dégagée sur le col. On décide enfin de faire demi-tour en vue du col quand, cerise sur le gâteau, on voit au loin nos 3 cordées redescendre !

En fait ils n’ont pas été si rapides au point d’avoir fini l’arête mais ils ont eu la sagesse de rebrousser chemin sur ce coteau "pourri" où le seul passage des bouquetins fait dégringoler de dangereux éclats de roche (et même, plus insolite, une chute de marmotte… peut être tombée des serres d’un rapace ?!) Bref, c’était côté PD+ mais ça craint et l’orage menace donc après une photo de groupe de ce RDV inattendu, tout le monde redescend pour la dernière fois au chalet alpin de La Bérarde ! Une petite heure après, un hélico des secours fait quelques navettes confirmant aux alpinistes qu’ils ont bien fait de rebrousser chemin vu les conditions. Un bon alpiniste est un alpiniste vivant ! 

Quelques gouttes confortent si besoin était l’idée de rentrer et tout le monde renonce finalement à l’option rando « par les cascades » qui sera pour une autre fois. Là encore, la bière sur la terrasse de La Bérarde rassemblera tout le groupe !

Dimanche 16 juillet : Retour 

 

Il est déjà temps de repartir pour moi mais certains vont profiter d’une halte au village de Saint Christophe en Oisans pour voir la fête des guides ou boire un verre à "la cordée ". Chacun poursuivra donc l’été à sa façon mais ce camp d’été 2023 était très chouette et a marqué le retour d’une dynamique salutaire après le vide des années covid.

Un immense MERCI à Thierry et Philippe d’en avoir pris l’organisation et merci à tous les cadres qui ont permis ce camp d’été en partageant leur expertise et en prenant sur leur corde des « bizuts » pour les emmener là où on ne pourrait pas aller seul et partager un bon virus : le virus de la montagne !

Merci à Alain et Isabelle de rester fidèles à leurs amis Vosgiens !

Ce camp est vraiment un temps fort du CAF et on continue à s’entrainer pour 2024 .

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